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Interview Sputnik : La réforme des retraites.

La réforme des retraites doit-elle malgré tout voir le jour ?

Tout dépend de la perception qu’on se fait de cette réforme, souvent présentée sous des atours fallacieux. Pour sauver notre système de retraites, il y a deux grandes familles d’approches: la première est celle des réformes paramétriques (modifier un des éléments de l’équation, tantôt le montant des cotisations, la durée des cotisations, ou bien le montant des pensions reçues), la seconde celle des réformes systémiques.
Nous avons abusé de la première approche, sans marge de manoeuvre qu’une dernière extension de l’age de départ en retraite. Sur la seconde approche, la seule solution est l’injonction d’une dose de liberté dans le systeme, en laissant ,au moins sur une partie de leur retraite, nos concitoyens s’organiser eux memes (introduire une part de capitalisation plus importante).
Macron, comme à son accoutumée, n’a rien tranché lors de son vague projet de campagne, et a proposé un système qui tel quel n’a jamais fonctionné ailleurs: celui de la retraite par points. Son application va générer beaucoup d’injustices, avec la tentation pour l’Etat de mettre la main sur les caisses de retraite excédentaires, sans régler les déséquilibres financiers. C’est une réforme liberticide, perdant perdant, à laquelle je me suis toujours opposé. Puisse t elle  croupir dans les limbes des innombrables échecs économiques et sociaux de ce pouvoir.
Je crains malheureusement qu’il ne s’entête, tant pour maintenir son image de réformateur (alors que les idiots ne changent pas d’avis, vu la crise que nous vivons), que pour mettre la main sur les réserves excédentaires des cadres et autres professions vertueuses, qui ont eux bien géré leurs caisses, qui sont justement les (trop) rares expériences de capitalisation dans ce pays.

L’enjeu pour Emmanuel Macron est-il de maintenir le projet réformiste et libéral sur lequel il a été en partie élu ?

Ce projet n’a jamais reposé sur rien de bien tangible. Au delà des mots, le programme de Macron n’a jamais été libéral mais au contraire jacobin, étatiste et énarchique. Sous son mandat, l’Etat a tué toute forme de mutualisme et a fini d’étatiser l’assurance chômage, la sécurité sociale et peut etre donc les retraites.
Si libéralisme il y a chez Macron, c’est un capitalisme de connivence, une symbiose alliant les grands groupes et la technostructure de l’Etat. Les entrepreneurs de taille moyenne comme moi ont au contraire souffert durant cette période. Mais il y a toujours chez nos politiciens, et Macron fait partie de cette école, cette outrecuidance à camoufler leur vacuité, en particulier en matière économique, par des slogans toujours mobilisateurs. Le terme “réformes” appartient à ce lexique.
Que mettons nous derrière ce terme ?
La France a certainement besoin de faire évoluer de manière radicale son système économique et sociale, mais la méthode qui était déjà celle préconisée par Juppé et Rocard, celle des réformes “par cliquets” n’a jamais fonctionné dans ce pays. Nous avons quasiment une réforme des retraites tous les deux ans depuis trente ans ! Celà ne rime à rien de sauter sur sa chaise comme un cabris en criant “réformes! réformes!”. Posons-nous un instant, regardons les chiffres, oublions les postures: on s’apercevra que cette réforme des points est inutile et qu’il faut largement ouvrir nos retraites à d’autres sources de financement. Le reste est une posture de communication par laquelle Macron tente de se draper dans les oripeaux de ce curieux symbole des réformes: des réformes systématiquement au détriment des citoyens.

Une hausse des impôts pour combler le déficit public est-elle inévitable ?

Elle est impossible. A 47% du PIB, la pression fiscale est intolérable et de 10 points du PIB supérieure au niveau de nos voisins. Nous devons surtout réformer notre Etat Providence, abaisser ses couts de fonctionnement, et faire un usage différent de la création monétaire par la banque centrale: stérile à l’heure actuelle car ne faisant qu’alimenter le tonneau des Danaides des impérities de la dépenses publique, elle pourrait nous permettre de faire des investissements productifs et d’élever le niveau de croissance du PIB. Si notre croissance moyenne est de 1% sur le reste de la décennie comme dans les années 2010, nous n’avons aucune chance de nous en sortir. A 2% en moyenne, avec une bonne restructuration de notre Etat, la dette reviendra rapidement en decà des 90% du PIB.

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